NOTRE HISTOIRE
Oujé-Bougoumou est la plus récente des communautés cries fondées en Eeyou Istchee et est située aux abords du Lac Opémiska. Notre histoire est ponctuée de maintes relocalisations imposées. Notre collectivité a finalement obtenu la reconnaissance du gouvernement en 1989 ainsi que l’octroi de terres sur lesquelles nous pouvions construire un village permanent.
FAIRE PREUVE DE FERMETÉ
Notre peuple habite des terres qui s’étendent sur quelque 2 600 kilomètres carrés situées dans la région du Nord-du-Québec. Nous n’avons jamais cédé nos terres ou renoncé à elles, et elles n’ont jamais été conquises. Notre territoire traditionnel comprend deux localités non Autochtone dont l’économie dépend presque entièrement des industries minière et forestière.
Nos aînés ont gardé un souvenir très vif de l’époque d’il y a déjà sept décennies lorsque les premiers prospecteurs miniers sont arrivés à la recherche d’or et de cuivre. Notre peuple les a conduits fort aimablement jusqu’à des affleurements rocheux d’intérêt. Nous n’avions pas prévu l’impact qu’auraient ces visiteurs sur notre peuple et notre terre.
Avec l’intensification des activités de repérage des gisements, les étrangers ont établi des camps miniers, des peuplements et des hameaux. La découverte de formations géologiques de valeur économique a pris le dessus sur le bien-être, voire même la survie des collectivités d’Oujé-Bougoumou. Nous avons été contraints de quitter nos communautés. Suite à notre départ, elles ont été détruites et rasées. Du fait d’efforts concertés de la part des sociétés minières et des gouvernements provincial et fédéral
visant délibérément à dissoudre nos communautés, nous avons été obligés de nous relocaliser à sept reprises en cinquante ans.
Suite à la dernière de ces relocalisations survenue en 1970, notre peuple s’est dispersé à travers notre territoire et a établi de modestes campements constitués d’abris de fortune, le plus souvent de simples tentes. Nous présumions que si nos villages pouvaient être détruits avec autant de facilité par les sociétés minières et les gouvernements, alors notre territoire dans son ensemble était également en danger. Il est apparu évident que nous devions démontrer que nous occupions notre territoire de façon ininterrompue et intégrale afin d’empêcher que nous soyons dépossédés de nos terres, de notre mode de vie et de notre identité de peuple d’Oujé-Bougoumou.
Ensemble, dans l’honneur et le respect mutuel, nous nous sommes engagés à faire preuve de fermeté et à nous relever lorsque nous perdons pied.
Cependant, toute la force de l’exploitation des ressources naturelles était déjà devenue apparente. Une douzaine de mines étaient en opération sur nos terres – une grave entrave à mode de vie traditionnel. La coupe à blanc était devenue si répandue qu’une part considérable de nos forêts a été détruite, entraînant ainsi la perte des habitats des animaux desquels nous dépendions.
Notre cadre de vie était catastrophique et avait été comparé par des observateurs indépendants aux pires conditions observées dans les pays les plus démunis. Avec la croissance et la prospérité grandissante des collectivités non-autochtones en toile de fond, nos recours auprès des gouvernements afin de récupérer nos terres ont été ignorés. En raison de l’exploitation des ressources naturelles, nous, qui étions les intendants des terres et de ses ressources, avons été complètement marginalisés et coupés de la vie économique et politique de la région. Nous estimons à environ quatre milliards de dollars canadiens la valeur des ressources extraites chez nous sans notre consentement ni notre participation et sans retombées pour nous. Nos appels pressants à ce sujet ont également été ignorés.
Au début des années 1980, notre communauté a décidé de lancer des efforts plus soutenus afin d’obliger les gouvernements à porter attention à notre situation. En 1984, nous avons entamé d’intenses discussions avec le gouvernement du Québec. Suite à de longues délibérations et négociations, nous avons conclu une entente en 1989 selon laquelle le Québec contribuerait financièrement à la construction d’un nouveau village et reconnaîtrait notre autorité sur une partie du territoire traditionnel des Cris d’Oujé-Bougoumou.
C’est au prix d’énormes efforts que nous en sommes arrivés à une entente finale avec Québec. Face aux réticences du gouvernement provincial à résoudre nos préoccupations, notre communauté a dû
recourir à des mesures dramatiques pour se faire entendre. À l’été 1989, nous avons proclamé notre autorité sur notre territoire, bloqué la route d’accès au village et établi notre propre tribunal (qui a jugé que les gouvernements provincial et fédéral avaient manqué à leurs obligations fiduciaires auprès d’Oujé-Bougoumou). Bref, nous avons démontré notre intention d’occuper et de gérer notre territoire traditionnel. Ces actions ont mené aux résultats espérés, et en septembre 1989 nous avons conclu notre entente avec le gouvernement du Québec.
En 1990, les négociations avec le gouvernement fédéral ont été entamées afin d’obtenir sa participation financière à la construction du nouveau village permanent de la communauté. Ce processus a mené en mai 1992 à l’Entente Oujé-Bougoumou/Canada appelant au gouvernement du Canada à contribuer au financement de la construction du village d’Oujé-Bougoumou.
À aucun moment lors des négociations ou suite à celles-ci avons-nous renoncé à notre autorité sur notre territoire.
UN BEL AVENIR
Notre nouvelle communauté est l’aboutissement des rêves de nos aînés. L’établissement d’un chez-soi permanent et l’épanouissement d’Oujé-Bougoumou au sein de la vie en Eeyou Istchee ont exigé des efforts soutenus de notre part.
Nos aînés ont choisi ce lieu aux abords du Lac Opémiska afin d’y bâtir un avenir meilleur. Depuis 1992, nous nous sommes attelés à cette tâche. Par conséquence, nous vivons en parfaite harmonie avec la nature, dans le respect et la protection de notre terre. Nous prenons soin de nos proches et cultivons nos nouvelles alliances par le biais d’un mode de vie qui allie nos traditions et la culture contemporaine.
Notre chez-soi est bien plus qu’un emplacement géographique. Nos systèmes de connaissance sont étroitement liés à la terre et aux lieux où se tiennent nos cérémonies, où se déroulent nos activités de chasse et de cueillette de plantes et où nous relatons nos récits.
Notre terre possède une beauté singulière. En été, les arômes de l’épinette, du mélèze et des baies de montagne emplissent l’air. En hiver, l’air vif et les étendues de neige blanche créent un décor d’une beauté saisissante.
Le partage est au cœur de la vie à Oujé-Bougoumou. Nous partageons les fruits de nos activités de chasse et de pêche. Nous partageons notre mode de vie. C’est ce sentiment de partage qui permet à tous nos visiteurs de vivre une expérience inoubliable. Nous vous convions à découvrir ce lieu enchanteur où les gens se rassemblent et aiment se rassembler.